Mon deuil, ton deuil

Tous les experts s’accordent à dire que nous vivons nos deuils à notre manière, chaque personne selon son tempo, son caractère, son besoin de comprendre ses émotions ou son besoin de parler d’autre chose, de laisser ce deuil si intime, pour plus tard.  Parfois, on me demande quand la douleur va cesser et « est-ce qu’elle cesse vraiment un jour? » « Peut-on tourner la page? »   Il m’arrive de répondre que, « tourner la page » ce n’est pas quelque chose en quoi je crois vraiment.  Par contre, reconnaître la perte, la douleur qu’elle nous fait ressentir, l’absence difficile à accepter et malgré tout, cheminer devant soi, tant bien que mal, oui.  Je crois à cela : se remettre sur notre chemin sans oublier l’être cher, donc sans tourner la page, mais au contraire,  laissant cette page de vie passée, que nous avons partagée avec la personne décédée et qui est riche des beaux chapitres vécus, bien gardés dans notre cœur.

Il est important de prendre du temps, de la patience pour nous et notre famille, pour vivre le deuil de la manière la meilleure possible, sans perdre confiance et en respectant les moments de repos lors des grandes fatigues qui peuvent survenir.

Le processus de deuil est normal, ce n’est pas une maladie même si, parfois, notre corps tombe malade parce que notre système immunitaire est touché et que nous ressentons une grande fatigue après plusieurs jours de stress et nuits perturbées. Ce qui compte, c’est d’accepter que chaque personne puisse construire son deuil selon son caractère, selon ses besoins. Une personne qui est plutôt introvertie, qui n’a pas l’habitude de parler de son ressentir, va vivre le deuil à sa manière et ce qui est important c’est de l’accompagner tout en lui disant que si jamais elle veut parler de ce qu’elle vit et aussi comment elle le vit, elle peut le faire, que nous serions heureux qu’il nous confie son ressentir.

Travail de deuil

Très souvent, le fait de cheminer dans un processus de deuil, est appelé « faire un travail de deuil ». Les spécialistes du deuil parlent de la nécessité pour l’endeuillé, d’adopter une démarche d’acceptation de la perte, d’intégration de la perte, ce qui est coûteux en énergie comme si on faisait un travail. Mais, beaucoup d’endeuillés s’insurgent contre ce concept « d’acceptation de la perte », en disant que la perte d’un être cher est « inacceptable ». Nous voyons alors, combien le thème du deuil se développe dans un domaine très intime du cœur et donc il est très difficile de poser de généralités dans lesquelles, certains s’y reconnaîtront et d’autres pas du tout. C’est pour cela que les séances de thérapie sur le deuil, se déroulent dans un cadre de respect de chacun, de leur cheminement et leur envie d’avancer et progresser dans les questions sur la perte d’un être cher et surtout sur les questions « quel avenir? » ou « et maintenant? »